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Titre : Le tombeau des Lucioles

Sorti le :
1998 au Japon

Réalisé par Isao Takahata
D'apres le roman original
"La Tombe Des Lucioles" de Akiyuki Nosaka
Producteur: Ryiochi Sato
Musique de Yoshio Mamiya
Durée 1h30

Film majeur dans l’histoire du studio Ghibli, il apporta à son réalisateur Isao Takahata une renommée internationale. Œuvre pleine de tristesse, de vérité et surtout d’humanité, voyons ensemble ce qui en fait un tel chef-d’œuvre.

Confortablement assis dans l’un des sièges au cinéma du centre de la Bande Dessinée à Angoulême, je piaffe d’impatience à l’idée de voir une nouvelle fois mon film préféré, présenté par Takahata himself, invité d’honneur du festival ciné jeune du Poitou-charentes, bref dans ma région !!! ( Ndr : Pas trop dégoûté, ninku ???)
Le maître arrive, accompagné d’un traducteur. Il salue, se présente, et commence à nous parler du film qui va être projeté : il nous le décrie comme un tournant de sa carrière et comme le premier long-métrage qu’il réalise en autonomie ( normal, il venait, avec Miyazaki, de fonder Ghibli ! ). Il nous souhaite un bon film et celui-ci commence. La projection se passe magnifiquement, et le film me prend plus à la gorge que d’habitude : au cinéma c’est beaucoup plus impressionnant, et puisqu’il était en V.O, c’était parfait. La projection se termine, tout le monde applaudit, moi je pleure comme une madeleine ( ne rigolez pas, vous verrez quand vous l’aurez vu ). Takahata reprend la parole, et dit être satisfait de la réaction du public et l’en remercie. Les questions au maître commencent, et malheureusement, je dois quitter la salle ( mon train partait très peu de temps après ), et je n’ai pu lui poser les questions que je souhaitais. J’essaierai de me rattraper au Forum des Nouvelles Images du Japon en décembre, où Takahata est encore l’invité. Désolé aussi pour les photos, mais étant loin, je n’ai pu en prendre. Passons maintenant à la critique.

Pour les rares personnes qui ne connaîtraient pas le studio Ghibli ( oui, ça existe ), je me suis dit qu’un petit historique ne ferait pas de mal. Le Studio Ghibli a été créé en 1985 pour assurer la réalisation de Tenku no shiro Rapyuta ( Laputa : le château dans le ciel ) de Hayao Miyazaki, co-fondateur du studio avec Isao Takahata. Le succès vient en 1986, avec Majo no Takkyubin ( Kiki’s Delivery Service ), qui bat des records au box-office japonais. En 1988 sortent deux films majeurs pour l’histoire du studio : Tonari no Totoro ( Mon voisin Totoro ) de Miyazaki, et Hotaru no Haka ( le Tombeau des Lucioles ), de Takahata. On retiendra que c’est à partir de cette époque que Totoro devient la mascotte officielle du studio. Takahata produira d’autres films, malheureusement non distribués chez nous : Pompoko, Omohide Poroporo. Le dernier de ses films à quand même eu une sorite chez nous et il s’intitule Yamada-kun ( Nos voisins les Yamada ). Miyazaki, quant à lui, réalise de nombreux long-métrages, pour la plupart distribués chez nous : Porco Rosso, Mononoke Hime ( Princesse Mononoke ) et son dernier film, Sen to Chihiro no Kamikakushi ( Le Voyage de Chihiro ). Voilà pour ce petit historique, volontairement simplifié.

Abordons maintenant l’histoire du long-métrage. Basée sur la nouvelle de Nosaka Akiyuki ( sur laquelle je reviendrai plus tard ), le Tombeau des Lucioles nous conte l’histoire de Seita, jeune japonais de 14 ans et de sa petite sœur, Setsuko, âgée de 4 ans. Le film s’ouvre sur Seita, gisant, à l’agonie sur un tas d’ordures, qui nous annonce durement : « le 21 septembre 1945, je suis mort ». D’emblée, le garçon annonce le ton qui sera prédominant durant tout le long métrage : dramatique, dur, parfois cruel. Puis nous voyons ce jeune garçon, deux mois avant, en juin. Le film prend alors la forme d’un long flash-back. Nous voici en juin 1945 : les bombardiers américains B-29 vomissent des tonnes de bombes incendiaires sur la population civiles pour faire plier le Japon. Un de ces raids approche des quartiers résidentiels de Kobe. Les sirènes se mettent à hurler, il faut se rendre aux abris au plus vite. Seita, après avoir caché des denrées et des objets précieux dans son jardin, se précipite avec Setsuko à l’abri anti-aérien où leur mère les attend. C’est la panique dans les rues, les gens courent partout, affolés, et Seita parvient à trouver refuge sur le bord de la route, dans un renforcement. Après le passage des bombardiers, tous deux se rendent à l’abri, complètement dévasté. Il apprend que les blessés, dont sa mère, ont été amenés à l’école municipale. Seita retrouve sa mère, atrocement brûlée, agonisant sous ses yeux. Elle finit par mourir et être jetée dans une fosse commune. Il décide donc de cacher la vérité à sa petite sœur, dont la principale préoccupation est de manger des bonbons. Commence alors une fuite des deux enfants, chassés de toutes parts, même par leur propre famille ( le passage où il habite chez leur tante est saisissant, tant cette dernière se montre cruel tout en restant naturelle ), dans un pays humilié qui refusent ses perdants. Tout au long du film, les messages fusent. Vous comprendrez qu’il n’y avait ni « gentils », ni « méchant », les deux camps ( américains et japonais ) étant, passez-moi l’expression, de parfaites ordure à leur manière : les américains pour avoir osés bombarder des civils ( le crime de guerre par excellence ), et les japonais pour leur refus de ravaler leur honneur, d’accepter la défaite, et de s’entraider. Je ne vous en dirai pas plus, car c’est pour vous inciter à regarder ce film, chercher tous les problèmes énoncés, et à vous forger votre propre réflexion, votre propre opinion.

Passons maintenant à l’aspect technique de ce film. Pour un film vieux de 14 ans, il n’a pas pris une ride : les décors sont superbes, ils reflètent parfaitement le Japon de 1945, ses villes, sa campagne. L’animation n’est pas en reste. Elle est d’une décomposition exemplaire, chaque mouvement étant si naturel que l’on oublie que l’on a des personnages fictifs devant nous. C’est d’ailleurs un des choix de Takahata, déclarant « ne pouvoir avoir un tel niveau d’émotion avec des acteurs réels ». On ne peut que saluer cette décision. Les plans sont toujours bien choisis, et mettent en avant les émotions ressenties par les deux protagonistes principaux. Une réalisation exemplaire, donc.

La musique est, elle aussi, sublime. Elle met parfaitement l’accent sur l’aspect dramatique de certaines scènes, et permet de transporter le spectateur au cœur du film, et lui fait ressentir ce que peuvent ressentir Seita et Setsuko. Je ne m’étends pas trop sur la question, du fait d’une critique de l’ost en préparation. Il est à noter que si vous désirez vous procurer la musique, prenez l’image album, l’original sound tracks ne contenant que les drama, c’est-à-dire les dialogues japonais.

Enfin, je vais vous parler de la fantastique édition collector DVD que Kaze a réalisé pour ce chef-d’œuvre. Elle comporte :

Le film : en français, allemand et japonais, avec des sous-titres disponibles.
Les bonus : plus de 2 heures d’interviews de spécialistes de l’animation, plus l’interview de Takahata, des artworks, etc…
L’art book : 32 pages avec des visuels, roughs, et textes sur le film et le studio Ghibli
La nouvelle auto-biographique de Nosaka Akiyuki, intitulée, la Tombe des Lucioles, qui diffère quelque peu du film : Seita se montre plus cruel avec sa sœur dans le livre que dans le film ( peut-être est-ce là une volonté de la part de Takahata de rehausser l’image de Nosaka, profondément pessimiste ). Un superbe ouvrage à lire absolument.

Vous me direz : « avec tout ça, elle doit coûter horriblement cher !! ». Eh bien, non, tout juste 40 euro. Il est à noter qu’elle n’est disponible que sur le site Internet de Kaze à ma connaissance.
Voilà, je pense qu’il est temps de conclure. Le Tombeau des Lucioles est un chef-d’œuvre, un vrai, plein de vérité et d’émotions que tout un chacun se doit de voir, au moins une fois dans sa vie.

Joli packaging

 

Citan, heureux d’avoir pu parler de son film favori…