Film majeur dans lhistoire
du studio Ghibli, il apporta à son
réalisateur Isao Takahata une renommée
internationale. uvre pleine de tristesse,
de vérité et surtout dhumanité,
voyons ensemble ce qui en fait un tel chef-duvre.
Confortablement assis dans lun
des sièges au cinéma du
centre de la Bande Dessinée à
Angoulême, je piaffe dimpatience
à lidée de voir une
nouvelle fois mon film préféré,
présenté par Takahata himself,
invité dhonneur du festival
ciné jeune du Poitou-charentes,
bref dans ma région !!! ( Ndr :
Pas trop dégoûté,
ninku ???)
Le maître arrive, accompagné
dun traducteur. Il salue, se présente,
et commence à nous parler du film
qui va être projeté : il
nous le décrie comme un tournant
de sa carrière et comme le premier
long-métrage quil réalise
en autonomie ( normal, il venait, avec
Miyazaki, de fonder Ghibli ! ). Il nous
souhaite un bon film et celui-ci commence.
La projection se passe magnifiquement,
et le film me prend plus à la gorge
que dhabitude : au cinéma
cest beaucoup plus impressionnant,
et puisquil était en V.O,
cétait parfait. La projection
se termine, tout le monde applaudit, moi
je pleure comme une madeleine ( ne rigolez
pas, vous verrez quand vous laurez
vu ). Takahata reprend la parole, et dit
être satisfait de la réaction
du public et len remercie. Les questions
au maître commencent, et malheureusement,
je dois quitter la salle ( mon train partait
très peu de temps après
), et je nai pu lui poser les questions
que je souhaitais. Jessaierai de
me rattraper au Forum des Nouvelles Images
du Japon en décembre, où
Takahata est encore linvité.
Désolé aussi pour les photos,
mais étant loin, je nai pu
en prendre. Passons maintenant à
la critique.
Pour les rares personnes qui ne connaîtraient
pas le studio Ghibli ( oui, ça
existe ), je me suis dit quun petit
historique ne ferait pas de mal. Le Studio
Ghibli a été créé
en 1985 pour assurer la réalisation
de Tenku no shiro Rapyuta ( Laputa : le
château dans le ciel ) de Hayao
Miyazaki, co-fondateur du studio avec
Isao Takahata. Le succès vient
en 1986, avec Majo no Takkyubin ( Kikis
Delivery Service ), qui bat des records
au box-office japonais. En 1988 sortent
deux films majeurs pour lhistoire
du studio : Tonari no Totoro ( Mon voisin
Totoro ) de Miyazaki, et Hotaru no Haka
( le Tombeau des Lucioles ), de Takahata.
On retiendra que cest à partir
de cette époque que Totoro devient
la mascotte officielle du studio. Takahata
produira dautres films, malheureusement
non distribués chez nous : Pompoko,
Omohide Poroporo. Le dernier de ses films
à quand même eu une sorite
chez nous et il sintitule Yamada-kun
( Nos voisins les Yamada ). Miyazaki,
quant à lui, réalise de
nombreux long-métrages, pour la
plupart distribués chez nous :
Porco Rosso, Mononoke Hime ( Princesse
Mononoke ) et son dernier film, Sen to
Chihiro no Kamikakushi ( Le Voyage de
Chihiro ). Voilà pour ce petit
historique, volontairement simplifié.
Abordons maintenant lhistoire du
long-métrage. Basée sur
la nouvelle de Nosaka Akiyuki ( sur laquelle
je reviendrai plus tard ), le Tombeau
des Lucioles nous conte lhistoire
de Seita, jeune japonais de 14 ans et
de sa petite sur, Setsuko, âgée
de 4 ans. Le film souvre sur Seita,
gisant, à lagonie sur un
tas dordures, qui nous annonce durement
: « le 21 septembre 1945, je suis
mort ». Demblée, le
garçon annonce le ton qui sera
prédominant durant tout le long
métrage : dramatique, dur, parfois
cruel. Puis nous voyons ce jeune garçon,
deux mois avant, en juin. Le film prend
alors la forme dun long flash-back.
Nous voici en juin 1945 : les bombardiers
américains B-29 vomissent des tonnes
de bombes incendiaires sur la population
civiles pour faire plier le Japon. Un
de ces raids approche des quartiers résidentiels
de Kobe. Les sirènes se mettent
à hurler, il faut se rendre aux
abris au plus vite. Seita, après
avoir caché des denrées
et des objets précieux dans son
jardin, se précipite avec Setsuko
à labri anti-aérien
où leur mère les attend.
Cest la panique dans les rues, les
gens courent partout, affolés,
et Seita parvient à trouver refuge
sur le bord de la route, dans un renforcement.
Après le passage des bombardiers,
tous deux se rendent à labri,
complètement dévasté.
Il apprend que les blessés, dont
sa mère, ont été
amenés à lécole
municipale. Seita retrouve sa mère,
atrocement brûlée, agonisant
sous ses yeux. Elle finit par mourir et
être jetée dans une fosse
commune. Il décide donc de cacher
la vérité à sa petite
sur, dont la principale préoccupation
est de manger des bonbons. Commence alors
une fuite des deux enfants, chassés
de toutes parts, même par leur propre
famille ( le passage où il habite
chez leur tante est saisissant, tant cette
dernière se montre cruel tout en
restant naturelle ), dans un pays humilié
qui refusent ses perdants. Tout au long
du film, les messages fusent. Vous comprendrez
quil ny avait ni « gentils
», ni « méchant »,
les deux camps ( américains et
japonais ) étant, passez-moi lexpression,
de parfaites ordure à leur manière
: les américains pour avoir osés
bombarder des civils ( le crime de guerre
par excellence ), et les japonais pour
leur refus de ravaler leur honneur, daccepter
la défaite, et de sentraider.
Je ne vous en dirai pas plus, car cest
pour vous inciter à regarder ce
film, chercher tous les problèmes
énoncés, et à vous
forger votre propre réflexion,
votre propre opinion.
Passons maintenant à laspect
technique de ce film. Pour un film vieux
de 14 ans, il na pas pris une ride
: les décors sont superbes, ils
reflètent parfaitement le Japon
de 1945, ses villes, sa campagne. Lanimation
nest pas en reste. Elle est dune
décomposition exemplaire, chaque
mouvement étant si naturel que
lon oublie que lon a des personnages
fictifs devant nous. Cest dailleurs
un des choix de Takahata, déclarant
« ne pouvoir avoir un tel niveau
démotion avec des acteurs
réels ». On ne peut que saluer
cette décision. Les plans sont
toujours bien choisis, et mettent en avant
les émotions ressenties par les
deux protagonistes principaux. Une réalisation
exemplaire, donc.
La musique est, elle aussi, sublime.
Elle met parfaitement laccent sur
laspect dramatique de certaines
scènes, et permet de transporter
le spectateur au cur du film, et
lui fait ressentir ce que peuvent ressentir
Seita et Setsuko. Je ne métends
pas trop sur la question, du fait dune
critique de lost en préparation.
Il est à noter que si vous désirez
vous procurer la musique, prenez limage
album, loriginal sound tracks ne
contenant que les drama, cest-à-dire
les dialogues japonais.
Enfin, je vais vous parler de la fantastique
édition collector DVD que Kaze
a réalisé pour ce chef-duvre.
Elle comporte :
Le film : en français, allemand
et japonais, avec des sous-titres disponibles.
Les bonus : plus de 2 heures dinterviews
de spécialistes de lanimation,
plus linterview de Takahata, des
artworks, etc
Lart book : 32 pages avec des visuels,
roughs, et textes sur le film et le studio
Ghibli
La nouvelle auto-biographique de Nosaka
Akiyuki, intitulée, la Tombe des
Lucioles, qui diffère quelque peu
du film : Seita se montre plus cruel avec
sa sur dans le livre que dans le
film ( peut-être est-ce là
une volonté de la part de Takahata
de rehausser limage de Nosaka, profondément
pessimiste ). Un superbe ouvrage à
lire absolument.
Vous me direz : « avec tout ça,
elle doit coûter horriblement cher
!! ». Eh bien, non, tout juste 40
euro. Il est à noter quelle
nest disponible que sur le site
Internet de Kaze à ma connaissance.
Voilà, je pense quil est
temps de conclure. Le Tombeau des Lucioles
est un chef-duvre, un vrai,
plein de vérité et démotions
que tout un chacun se doit de voir, au
moins une fois dans sa vie.
Joli packaging
|
Citan,
heureux davoir pu parler de son
film favori